Projet de l’ingénieur Ferdinand Arnodin, qui compte déjà à son actif les ponts transbordeurs de Bizerte, Rouen, Rochefort et Nantes, cet ouvrage à double vocation, tant utilitaire que touristique, voit le jour en cette veille de Noël 1905.

Durant deux ans, les Marseillais ont suivi avec attention les travaux de construction de leur pont transbordeur et à présent, celui-ci se dresse majestueusement à l’entrée de la passe du Vieux Port.

Ce chef d’œuvre d’art du fer doit assurer, à l’aide de sa nacelle mobile, le passage d’une rive à l’autre entre les quartiers Saint-Jean et Saint-Nicolas sans perturber la navigation, ce qu’il fera pendant près de quarante ans, avant d’être malheureusement détruit par les troupes d’occupation en août 1944.

Très rapidement le transbordeur devient un des monuments symboles de la ville au même titre que Notre-Dame de la Garde ou le Palais du Pharo. Visible depuis le large, il est considéré par certains comme le phare de la ville et comme leur Tour Eiffel par d’autres. L’ouvrage toujours associé à l’image du Vieux Port, reste encore de nos jours dans la mémoire de nombreux marseillais comme l’emblème d’une époque.

Quatre décennies durant, il va attirer une population très hétérogène : amoureux de la ville, amateurs d’art, peintres, poètes, plongeurs de haut vol, parachutistes, funambules, cinéastes, photographes, ... sans oublier, hélas, les candidats au suicide.

C’était le lieu de promenade de nombreux citadins et touristes qui, après avoir gravi les 250 marches menant à sa plateforme supérieure, perchée à près de 50 mètres, pouvaient contempler le superbe panorama sur la cité phocéenne, le Vieux Port et le large : une approche très touristique qui ferait presque oublier sa vocation première, à savoir le transbordement des véhicules et des piétons entre les deux rives !

Plus de vingt ans après sa destruction le pont transbordeur fut remplacé par un tunnel percé sous le Vieux Port en 1967.