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DOUAUMONT



55 - DOUAUMONT
Fort de Douaumont
1914 - Meuse - 1918

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Fort de Douaumont / 1914 - Meuse - 1918

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Le fort de Douaumont est un fort Séré de Rivières (du nom à son concepteur et promoteur le général Raymond Adolphe Séré de Rivières) situé sur la commune de Douaumont, près de Verdun. Il a été construit entre 1885 et 1887 et est situé à deux kilomètres à l'est du village de Douaumont. Il est le plus important des forts situé aux alentours de Verdun. Son aspect a évolué compte tenu des nouvelles normes défensives rendues nécessaires par le progrès des explosifs : il pouvait même résister aux bombardements des plus gros calibres de l'époque.

Après la guerre de 1870 qui a vu la perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, un plan de défense de la frontière est établi par Séré de Rivières qui fait construire 38 forts et ouvrages sur un périmètre de 40 kilomètres autour de la ville de Verdun.

Parmi eux, le fort de Douaumont, l'ouvrage le plus important et le plus puissant car le mieux armé de cette ligne de défense. Sa construction commence dès 1885 et se termine fin 1913. Il devient par son volume, le premier fort de la région verdunoise en 1914.

Au début de la Première Guerre mondiale, l'État Major français ne croit plus aux fortifications fixes car il pense que seule l'offensive peut procurer la victoire. La destruction des forts franco-belges de la Meuse en 1914 par les gros calibres allemands ayant encore renforcé cette idée, le 5 août 1915 est établi un décret autorisant le retrait des garnisons des forts.

Les Allemands ont décidé d'user l'armée française et le 21 février 1916, ils attaquent Verdun. Le 24, ils arrivent aux abords du fort de Douaumont défendu par une garnison de 57 hommes avec à leur tête le gardien de batterie Chenot qui n'a pas connaissance de la position des lignes allemandes. Il n'existe aucune liaison entre le fort et les troupes qui l'entourent. Le 25 février, vers 16h30, Chenot dirige les tirs de la batterie de 155 mm sur des objectifs lointains. Un de ses hommes de troupe lui signale que des Allemands sont dans la cour et le demandent. Le gardien de fort se rend à une unité brandebourgeoise. Le lieutenant allemand Von Brandis, de la 5e division du Brandebourg, reçoit pour ce fait d'armes la Croix pour le mérite.

Le 25 février 1916, les Allemands attaquèrent en direction du Fort de Douaumont dans le but de porter leurs lignes à environ 600 mètres du fort. Étonnés par le calme régnant dans la région du fort et poussant en avant, ils réussirent à descendre dans le fossé et à rentrer dans les galeries. Les 57 soldats qui occupaient le fort furent faits prisonniers. La perte du fort, important point d'appui, observatoire et abri de premier ordre entraînait pour la défense, des conséquences matérielles et morales considérables. Cependant les Français n'avaient pas perdu l'espoir de reconquérir le fort. Cinq divisions françaises, dont trois en tête, devaient déblayer en quelques heures le terrain que les Allemands avaient péniblement conquis en 8 mois de bataille. Les Allemands organisent tout de suite la défense du fort de Douaumont. Dans la soirée du 25 février, ils sont 19 officiers et 79 sous-officiers et hommes de troupes de cinq compagnies différentes à occuper Douaumont. Le fort devient le pivot de la défense allemande sur la rive droite de la Meuse.

Le 26 février, les Français tentent de reprendre l'ouvrage. Ils bombardent le fort, sans provoquer de dégâts. Le 2e bataillon du régiment mixte attaque, parvient jusqu'aux barbelés du fort mais ne peut l'investir. Le 30 mars, avant que les Français aient pu organiser un nouvel assaut, les Allemands lancent une attaque afin de dégager les abords de Douaumont mais sans succès car l'artillerie n'a pas détruit les positions françaises.

Le 8 mai 1916, la vie du fort, alors occupé par les allemands, fut troublée par un évènement imprévu. La veille, les bombardements étaient très violents. L'ouvrage avait reçu les blessés, un bataillon au repos et de nombreuses troupes se trouvaient dans le fort. A 6 h 00 du matin, il y eut une violente explosion, celle d'un dépôt de grenades qui mit le feu à un dépôt de lance-flammes. Les pertes furent lourdes, les Allemands commencèrent à enterrer les morts mais comme on en retrouvait toujours, le Commandement les fit mettre dans deux casemates qui furent murées. Des 800 à 900 soldats qui périrent, 679 sont enterrés derrière cette croix : c'est le cimetière allemand du fort.

Le 2 mai, Nivelle ordonne à la division Mangin (3e Corps d'Armée) de se préparer à reprendre le fort de Douaumont. Le colonel Estienne est adjoint au général Mangin pour assurer la préparation d'artillerie, qui comprend des canons de gros calibre. Du 7 au 12 mai, Français et Allemands se battent en avant du fort de Douaumont, notamment pour la possession du village de Thiaumont et des ravins autour du fort. Dans la journée du 8, le fort subit une très forte secousse, probablement causée par l'explosion accidentelle d'un dépôt de grenades. Il semble qu'elle ait causé la mort de 650 soldats allemands. Nivelle désigne la 5e Division d'Infanterie, sous les ordres de Mangin, pour l'assaut. Une seconde division se tiendra en réserve.

La préparation d'artillerie commence le 17 mai. Elle dure cinq jours. 300 pièces lourdes, dont quatre mortiers de 370 mm, 12 mortiers de 280 mm, 12 mortiers de 270 mm et huit mortiers de 220 mm pilonnent le fort et ses environs. Chaque jour, un millier de tonnes d'obus tombent sur le secteur. La puissance des obus ne permet pas de pénétrer la cuirasse du fort mais la vie à l'intérieur de l'ouvrage devient infernale. Le fort se fissure. L'artillerie française emploie des obus à gaz mélangés aux tirs explosifs afin de rendre la préparation d'artillerie plus létale à partir du 20 mai. Les Français tentent également d'amener leur ligne à 350 mètres de l'ouvrage afin de pouvoir s'y porter d'un seul bond. Le 20 mai, en fin de journée, le terrain en face de Douaumont n'est plus qu'un champ d'obus. Le 21, les communications entre les unités allemandes deviennent de plus en plus difficiles. Mangin lance une série d'attaques limitées afin de conquérir les zones de flanc. Elles échouent. L'ordre d'attaque est quand même donné. Le matin du 22 mai, la préparation d'artillerie est plus intense. Elle permet d'aveugler l'un des observatoires bétonnés du fort.

Le 22 mai 1916, à 11 h 50, l'infanterie française attaque le fort. Les premières lignes allemandes tombent assez facilement. A 12 h 00, le bataillon de droite du 129e RI parvient sur les superstructures du fort. Le 74e RI est arrêté à quelques mètres du fort. Les Français occupent une partie des superstructures nord et ouest. Sur le fort, les combats font rage. Les Allemands ripostent par les casemates. Les Français parviennent à occuper une des tourelles supérieures, où ils installent une mitrailleuse qui balaye le toit du fort. Mais les tentatives pour entrer se heurtent à des troupes allemandes qui défendent les couloirs.

A la tombée de la nuit, seul un bataillon du 129e RI tient sur les superstructures du fort. Il est totalement isolé. L'artillerie allemande pilonne au sud du fort pour interdire l'intervention des renforts. L'artillerie française, dirigée par l'aviation, pilonne les positions allemandes. Le 23 mai, le brouillard se lève vers 5 h 30. Les combats reprennent. À 9 h 00, les Allemands pilonnent les positions françaises ainsi que la première ligne, ce qui empêche une attaque française en direction du fort. Les Allemands tentent durant toute la journée de reprendre les superstructures. Mais ils sont gênés par la mitrailleuse que les Français ont placé dans une des coupoles du fort.

Le 24 mai, les Allemands reprennent le pilonnage, et lancent une attaque d'infanterie. Le tir d'un minenwerfer de 240 mm détruit la mitrailleuse française. Le bataillon du 129e RI est balayé. Les Allemands continuent leur progression et prennent une partie du bois de Nawé. La 5e DI, trop éprouvée, est remplacée par la 36e DI du général Lestequois dans la soirée du 24 mai. La 5e division du Brandebourg est également relevée et remplacée par la 2e division bavaroise. Les pertes de la 5e division brandebourgeoise sont de 4 700 hommes. Les pertes françaises sont de l'ordre de 5 000 hommes. Le fort de Douaumont reste en possession des Allemands.

Le 24 octobre 1916, le fort fut repris par le Régiment colonial du Maroc, faisant partie des divisions Mangin.

Le 14 décembre 1916, un obus allemand de 420 mm est tombé dans la casemate murée. L'obus explosa et tua 21 soldats. On put en sortir 14 pour les enterrer à l'extérieur, les 7 autres, dont les noms sont inscrits sur une plaque, furent déchiquetés et reposent encore dans ce mur épais.

Paradoxe inouï, Douaumont coûta, dit-on, 100 000 morts à la France, et aura été pris et repris sans combat.

Le fort de Douaumont est l'ouvrage armé le plus important et le plus puissant de toute la région de Verdun. Il présente une superficie de trois hectares, une longueur de 400 mètres, plusieurs kilomètres de galeries et deux niveaux inférieurs. Le plafond est épais de six mètres (pierres, sable, béton spécial et terre). Le fort permettait de loger 800 hommes environ mais en 1916, il y en eut parfois jusqu'à 3 000, voire 3 300. Le fort de Douaumont domine le champ de bataille sur les deux rives. Il est entouré d’un réseau de barbelés de 30 mètres de large sur piquets métalliques. Observatoire de premier ordre, il sert d’abri et de dépôts pour le matériel. Il est équipé de cuisines, de dépôts de munitions et de quoi assurer une vie de caserne au centre d’une bataille d’artillerie.

Dans le couloir central, il y a des chicanes avec des créneaux pour mitrailleuses et grenades. Dans les niches se trouvent les échelles grâce auxquelles on pouvait accéder à l'étage inférieur. En effet, pendant les bombardements intenses, il était pratiquement impossible dans le fort de supporter le bruit infernal du à la résonance.

Le fort contenait des citernes. Cependant avec les combats, elles étaient inutilisables et les ravitaillements en eau étaient particulièrement difficiles. À cette époque, on utilisait pour l’éclairage, des bougies et des lampes à pétrole qui, à cause de la pression atmosphérique (manque d’oxygène), s'éteignaient toujours. Les Allemands avaient transporté au fort des groupes électrogènes qui étaient en cours de montage au moment de la reprise du fort.

La ventilation était assurée par des ventilateurs à main. Les toilettes n'existaient pas dans le fort en 1916. A l'intérieur du fort régnait une telle puanteur que les soldats étaient sans cesse pris de nausées. Seulement, en 1917, les Français commencèrent les installations de fosses pour toilettes.

Le fort présente une pièce dans la quelle on désinfectait les uniformes. Les soldats n'avaient pas quittés leurs tenues pendant des jours et ils étaient pleins de poux et de puces. Comme la désinfection se faisait par la vapeur et par la chaux, les œufs de cette vermine n'étaient jamais totalement détruits.

Le fort servait de lieu de passage et de repos à l'infanterie allant en ligne, le seul endroit où une troupe pouvait se reposer sans danger. La marche était tellement pénible que les hommes arrivaient au fort complètement épuisés. La sortie en était difficile, l'artillerie française tenant sous son feu les issues du fort. Aussi pour réduire les pertes à la sortie du fort, les Allemands entreprirent la construction d'une communication souterraine, appelée Sud-Tunnel dans l'axe même du fort. Fin octobre, 60 mètres seulement étaient achevés. Il fut prolongé par les Français après la reprise du fort, à 250 mètres environ au sud du fossé de gorge du fort.

Le fort renferme la tourelle Galopin. Elle a été construite de 1907 à 1909. C'est un canon de 155 R, ce qui veut dire 155 Raccourci, qui se trouvait en haut sous la coupole, et était orientable à 360°. Le pointage se fait par des manivelles.

Il s'agit d'une tourelle à éclipse, qui monte pour tirer et redescendre aussitôt.

La manœuvre pour monter la tourelle était effectuée par trois sapeurs à l'aide des manivelles et des démultiplications. En tournant, ils faisaient descendre les balanciers et dégageaient ainsi deux câbles qui se trouvaient au centre et qui permettaient aux deux contrepoids, situés à chaque extrémité, de descendre également. C'est le poids de ces deux contrepoids qui en descendant montaient la tourelle au milieu. Quand la tourelle était arrivée à sa hauteur, ils pouvaient la bloquer. Pour la descendre, ils lâchaient le frein, continuaient à tourner la tourelle et la tourelle redescendit par son propre poids. Le système est simple, c'est l'équilibre des deux contrepoids avec le poids de la tourelle. Ainsi on a 37 tonnes de contrepoids et 37 tonnes de tourelle. Aux trois sapeurs, il fallait deux minutes pour monter la tourelle à 60 cm de hauteur, alors en position normale de tir. Les obus étaient montés à l'arrière deux par deux à l'aide du monte-charge puis passés à la main sous la coupole. Un obus de 155 R pesait 43 kg et avait une portée de 7 km 200. Le tir de ces tourelles aurait pu être très rapide, mais il y avait deux inconvénients : le bruit à l'intérieur, la résonance, était infernale et les gaz carboniques qui revenaient sans cesse. Il y avait bien un système de soufflerie mais il était insuffisant et c'est ce qui freinait le tir de ces tourelles.

 

Renseignements d'ordre général

Fort de Douaumont
55100 DOUAUMONT

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